Par MAKON ma PONDI Cameroon tribune N°10521/6720 du 31 janvier 2014
Jusqu’à un passé relativement récent, Toktoyo, Gbiti, Kette, Kentzou, Ouli étaient de paisibles localités peu connues du département de la Kadey, dans la région de l’Est. Elles ont acquis désormais une réputation surfaite à cause de sanglants incidents survenus ici et là du fait d’incursions fracassantes menées par des bandes armées incontrôlées venues de Centrafrique. Des hommes sans foi ni loi dont les exactions se sont traduites invariablement par la mort et le sang d’innocentes victimes. Populations civiles autant que membres des forces de l’ordre et de défense ont fait les frais de ces brigands.
Jusqu’à un passé relativement récent, Toktoyo, Gbiti, Kette, Kentzou, Ouli étaient de paisibles localités peu connues du département de la Kadey, dans la région de l’Est. Elles ont acquis désormais une réputation surfaite à cause de sanglants incidents survenus ici et là du fait d’incursions fracassantes menées par des bandes armées incontrôlées venues de Centrafrique. Des hommes sans foi ni loi dont les exactions se sont traduites invariablement par la mort et le sang d’innocentes victimes. Populations civiles autant que membres des forces de l’ordre et de défense ont fait les frais de ces brigands.
La situation était d’autant plus préoccupante que les populations se
laissaient gagner par la peur et une psychose compréhensibles. Avec
promptitude et fermeté, les pouvoirs publics ont adopté un ensemble de
mesures, notamment sur le plan sécuritaire en vue de restaurer la
confiance, la paix et la sérénité au sein des populations. Le chef de
l’Etat a ainsi créé de nouvelles unités opérationnelles et renforcé la
capacité d’action de certaines autres. En termes d’effectifs et de
moyens logistiques. L’objectif étant d’éviter, de prévenir une
contagion, une transposition de la crise centrafricaine en terre
camerounaise.
Grâce à cet important faisceau de mesures, le calme est désormais
manifeste sur l’ensemble de la région de l’Est et ce n’est pas une vaine
rhétorique. Fin de matinée ce samedi, 25 janvier à Batouri. Après deux
heures de route au départ de Bertoua, le chef-lieu de la Kadey qui fait
littéralement face à la RCA grouille d’activités. A la station-service
non loin de l’évêché où nous voulons nous ravitailler en carburant, il
nous faut quelques minutes de patience, d’autres usagers nous ayant
précédé sur les lieux… Dans son bureau quelques encablures plus loin, le
préfet Emmanuel Halpha, détendu, passe en revue la situation des sept
arrondissements qui forment son territoire de commandement. Localités
particulièrement concernées : Toti Ndiki, Gbiti, Kentzou, Bombete,
Tamoua-Gueze, Bombé-Nacé, etc. Le calme, assure-t-il, est indéniable.
Quelques arrêts sur le trajet-retour donnent à voir des populations tout
entières à leurs occupations.
Quadrillage
Le scénario identique quarante-huit heures plus tard sur l’axe
Bertoua-Garoua Boulaï. Ce qui frappe ici d’emblée, c’est l’intense
trafic routier aussi bien pour les voyageurs que pour les marchandises,
en direction de la partie septentrionale du pays. Petit Bello, Yaki,
Doulai, Badan, Mbassi, Sarali, Kongolo, Tongo Gaudima et autres Sarali,
Ndokayo défilent. Les contrôles routiers sont tout ce qu’il y a
d’ordinaire. Sans déploiement spectaculaire. Sans fébrilité. Signe
visible et palpable que la situation est sous contrôle. Y compris à
Garoua-Boulaï où deux obus tirés à partir de la RCA sont tombés le 20
janvier dernier, dont l’un tout près de la sous-préfecture. Ce qui a
suscité une certaine panique au sein de la population, en particulier au
quartier Zokoundé où a atterri le second obus. Par la suite, un
quadrillage approprié de la frontière par nos forces de défense a permis
de ramener la situation sécuritaire entièrement sous contrôle.
Au sortir d’une réunion hebdomadaire ce 27 janvier 2014, le
sous-préfet de Garoua Boulaï, Viang Mekala est juste préoccupé par
l’afflux de nouveaux réfugiés autour de l’église catholique où le curé
se dit débordé. A raison. Dans les quartiers Bethanie et Sabongari,
promiscuité et détérioration des conditions d’hygiène font craindre une
épidémie. En dépit d’une mobilisation remarquable des humanitaires, dont
« Médecins sans frontières » (MSF) qui dispose d’une antenne sur place.
Des sources crédibles indiquent que plus de 5000 enfants ont été
vaccinés pour parer à toute éventualité.
Une ombre tout de même sur ce tableau : la ville est engorgée à la
limite de l’envahissement par plusieurs dizaines de camions lourdement
chargés de bière et marchandises les plus divers devant assurer le
ravitaillement de Bangui. Les conducteurs de ces camions,
majoritairement de confession musulmane, disent craindre pour leur
sécurité. Surtout depuis que les anciens miliciens de la Séléka ont
perdu le contrôle de la situation, suite à la démission forcée de Michel
Djotodia. En dépit d’un engagement formel de la force africaine de
maintien de la paix, la MISCA, d’« assurer l’escorte des camions à
partir de Garoua-Boulaï jusqu’à Bangui en aller et retour ». Un premier
convoi composé d’une centaine de véhicules a pu quitter Garoua-Boulaï le
25 janvier dernier et aurait progressé apparemment sans accroc. Sera-ce
le déclic souhaité pour vaincre la méfiance des autres camionneurs ?
Rien n’est moins sûr. Globalement cependant, l’embellie est perceptible
et prometteuse. Ce qui a déjà amené nombre de « centros» à regagner leur
patrie. En toute liberté. Non sans cracher parfois dans la soupe :
«restez avec votre Cameroun ».
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