Translate

Mathias Eric Owona Nguini : On n’a jamais rendu compte des fonds de la Fifa




Intellectuel éclectique, l’enseignant d’université se prononce sur l’ambiance autour des Lions Indomptables et les retombées possibles à l’issue de Brésil 2014.

Comment avez-vous accueilli la qualification de l’équipe nationale du Cameroun pour la coupe du monde de football prévue au Brésil en 2014?

C’est avec plaisir que j’ai accueilli la qualification des Lions indomptables qui, pour moi, sonne comme une demi-surprise, en raison du caractère assez moyen des dernières prestations de notre sélection nationale. Cela voudrait dire que j’avais un certain scepticisme quant à leur capacité de se qualifier. Maintenant, en ce qui concerne la compétition à venir, il y a encore beaucoup de travail à faire. Car, cette équipe n’a pas encore le niveau mondial.

A quel niveau cela clocherait-il, puisque vous vous intéressez à l’aspect technique ?

L’équipe du Cameroun joue trop lentement et elle est incapable, comme elle le faisait par le passé, d’alterner entre de longues phases de lenteur et quelques moments d’accélération. Il n’y a pratiquement plus du tout d’accélération dans son jeu. Or, dans le football moderne aujourd’hui, il faut savoir utiliser la vitesse parce que c’est ce qui permet de déséquilibrer l’adversaire. On obtient cette vitesse en particulier quand on peut avoir de la, percussion au niveau des milieux de couloir. Et, en la matière, le Cameroun a un sérieux déficit. La précédente génération, notamment la génération triomphale de 2000/2002 avait précisément sur les côtés gauche et droit de très bons couloirs assez complémentaires aussi bien dans les phases offensives que dans les phases défensives avec Salomon Olembe et Pierre Wome Nlend à gauche, Geremi Ndjitap et Etame Mayer à droite.

Un contemporain a dit, il y a quelques jours qu’il n’était pas bénéfique pour le Cameroun de garder l’encadrement technique en place, pour le rendez-vous brésilien. Etes-vous aussi de cet avis ?

Je partage largement cet avis. Non pas que tous ceux qui constituent cet encadrement ne soient pas de qualité. Mais, je demeure assez réservé sur la qualité de l’entraîneur principal. Jusqu’ici, il ne m’a pas convaincu. Cela malgré la victoire de l’autre jour. S’il faut agir, il faut le faire rapidement, en changeant de sélectionneur pour avoir un sélectionneur de format mondial. L’actuel ne me semblant pas en être un.

Alors, lorsqu’un pays en qualifié pour une phase finale de la coupe du monde, quelles peuvent en être les retombées directes et indirectes?

Il y a des retombées directes qui tiennent au faut que la Fifa alloue des fonds aux pays qualifiés. Notamment les fonds destinés à la préparation, qui concernent l’ensemble des aspects. Il y a des fonds alloués à l’issue de la phase finale, qui viennent établir, pour le pays participant, quel est le retour qu’il peut avoir du fait de sa participation.

Peut-on espérer des retombées indirectes, notamment sur le plan économique ?

Les retombées économiques ne sont évidemment pas directes, pour ce qui concerne l’économie extra-sportive. Elles dépendent de la qualité de la stratégie d’un pays à convertir en ressources sa participation à une coupe du monde. Surtout lorsque cette participation donne lieu à une prestation honorable. Voilà pourquoi il est important d’inclure dans la préparation de l’événement des volets ayant trait à la communication non seulement autour de l’image de marque de l’équipe, mais aussi autour de l’image de marque du pays, pour éventuellement préparer le terrain à profiter d’un effet d’aubaine si l’équipe réalisait une participation honorable. Le Cameroun à cet égard n’a pas suffisamment tiré profit de sa prestation fort honorable de 1990.

Nous avons eu 1982, 1990, 1994, 1998, 2002 et 2010. Si le Cameroun n’a pas capitalisé sa prestation de 1990, pensez-vous de ce fut le même sort pour les autres participations?

Les autres rendez-vous l’ont été encore moins. Non pas que des ressources ne sont pas rentrées ; mais, on connaît le caractère chaotique, erratique et même cleptocratique de la gouvernance de notre football. Jamais, il n’y a eu de transparence sur ces fonds, qui ont été alloués au Cameroun : d’abord pour la préparation de ces différentes participations, mais aussi pour les fonds alloués à l’issue desdites participations. Jamais, au niveau fédéral, il n’a clairement été établi le niveau de fonds reçus et, surtout, on n’a jamais indiqué comment lesdits fonds devaient être utilisés. On n’a non plus jamais rendu compte de leur utilisation effective. Cela voudrait dire qu’autour de ce pactole, il y a eu des appétits qui se sont exprimés.

Parlant de l’image de marque du Cameroun, pensez-vous que le football a mieux travaillé que la diplomatie pour reprendre l’un de vos collègues ?

Je pense que c’est une formule lapidaire qui voudrait dire qu’à leur niveau, les Lions indomptables ont permis au Cameroun de cultiver son image de marque dans le monde. Mais, on ne saurait pour autant penser que la diplomatie camerounaise, quelles que soient les contraintes qu’elle rencontre, ne travaille pas à promouvoir l’image de marque du Cameroun. Il est vrai que les grandes compétitions sportives à l’instar des Jeux olympiques ou particulièrement de la coupe du monde de football, sont de véritables plateformes, qui peuvent permettre de promouvoir l’image de marque d’un pays, quand ses représentants s’expriment de manière honorable et prestigieuse dans ces compétitions.

L’on a souvent constaté une présence des accompagnateurs, plus nombreux que les athlètes concernés par la compétition. Est-ce un bien ou un mal, si l’on se met dans la perspective des retombées indirectes ?

La solution serait que ne soient présents que ceux qui sont véritablement indispensables. Notablement sur le plan technique. Quant aux accompagnateurs institutionnels, il paraît utile d’en limiter le nombre pour ne pas créer un certain nombre de dysfonctionnements dans l’environnement de notre sélection nationale. Car, la présence massive de hauts fonctionnaires du ministère de tutelle ou de la fédération favorise aussi un certain nombre de man?uvres de grenouillages et d’intrigues autour de l’équipe. Sur le plan politique, les Lions indomptables étaient devenus un mot clé des discours du chef de l’Etats et bien d’autres acteurs de cet espace.

Mais, étaient jetés au placard. Comment appréciez-vous cette gymnastique ?

C’est de bonne guerre puisque l’utilisation que les politiciens ont pu en faire est une utilisation opportuniste. Celle qui faisait des lions indomptables un symbole édifiant pour l’ensemble de la nation et particulièrement pour la jeunesse était évidemment liée à des calculs politiques précis. Il s’agissait pour le pouvoir en place et particulièrement pour le président de la République de profiter de l’image de marque des Lions indomptables et de se positionner comme la source fondamentale de ces victoires sportives qu’on mettait au compte du système gouvernant en place. Les victoires devenant en quelque sorte le bilan des gouvernants en place.

Que proposeriez-vous pour que le Cameroun s’en tire avec de bonnes retombées, à l’issue de la prochaine coupe du monde ?

Pour assurer une bonne participation du Cameroun, il faut qu’au niveau de la présidence de la République, on commence à préparer le dispositif qui va permettre de conduire le Cameroun jusqu’en coupe du monde. Qu’on veille à ce que ce dispositif travaille de manière sereine et sérieuse. Il s’agira surtout d’éviter qu’il y ait des délégations pléthoriques et folkloriques pour la coupe du monde. Du moins en ce qui concerne ceux qui peuvent approcher les Lions indomptables.

0 commentaires:

Couples

Astuces

Pages vues

gsTATS

Blok

Blogger templates. Proudly Powered by Solutel.
back to top