INFOGRAPHIE
- Depuis mercredi soir, les islamistes désormais affiliés au groupe
État islamique, ont attaqué quasi simultanément six villages de l'État
de Borno, situés au nord-est du pays.
Près de 200 morts: la vague d'attentats qui
frappe le nord-est du Nigeria depuis mercredi soir est la plus
meurtrière depuis l'investiture en mai dernier du nouveau président
nigérian, Muhammu Buhari. Ce dernier, qui a fait de la lutte contre Boko
Haram sa priorité absolue,
a condamné vendredi des attaques «inhumaines» et «barbares» qui
illustrent, selon lui, la nécessité «de former une coalition
internationale plus efficace».
Les dernières attaques meurtrières
ont toutes été perpétrées par des membres présumés du groupe islamiste.
Vendredi, encore, en début d'après-midi, une cinquantaine d'hommes
armés sont arrivés à moto dans le village de Mussa,
dans l'Etat de Borno au nord-est du pays. «Ils ont tué six personnes
dans le village, et ils ont poursuivi les habitants qui fuyaient dans la
brousse, en leur tirant dessus, raconte Bitrus Dangana, un habitant qui
a survécu à l'attaque. Vingt-cinq personnes ont ensuite été tuées dans
la brousse». Adamu Bulus, un autre survivant, a confirmé ce bilan de 31
morts. Ensuite, ces homme armés ont ensuite mis le feu au village,
brûlant presque tout le village.
Adolescente kamikaze
Dans la nuit de jeudi à vendredi, c'est le village de Miringa,
dans l'Etat de Borno, qui avait été frappé. «Des combattants de Boko
Haram ont tué 11 personnes dans notre village», raconte un habitant.
Selon un autre habitant, les islamistes sont arrivés à Miringa vendredi
vers 2h30. Ils ont alors «choisi 13 hommes dans des maisons
sélectionnées et les ont emmenés vers le lieu de prière de l'Aïd, à
l'extérieur du village, où ils leur ont tiré dessus», a-t-il raconté,
précisant que deux hommes avaient réussi à s'enfuir. «Les victimes ont
toutes été choisies parce qu'elles avaient fui leur village de Gwargware
il y a quelques mois pour échapper à leur enrôlement forcé par Boko
Haram.»
Jeudi après-midi, une jeune fille d'environ 15 ans s'est ruée dans une mosquée de Malari,
un village de l'Etat de Borno, dans laquelle des fidèles se préparaient
à la prière. «Elle a tué 12 fidèles et en a blessé au moins sept
autres», a rapporté un milicien nommé Danlami Ajaokuta. Le mode
opératoire correspond à celui utilisé par Boko Haram, qui n'avait pas
encore revendiqué cette attaque vendredi.
Bain de sang
Enfin, avec au moins 97 victimes, l'attaque qui a visé mercredile village de Kukawa,
près du lac Tchad, est la plus sanglante. Peu après, à une cinquantaine
de kilomètres, des islamistes s'en prenaient cette fois à deux villages
à la sortie de Monguno. Bilan: 48 fidèles musulmans fusillés pendant la
prière du soir. Les habitations avoisinantes ont, elles, été
complètement rasées.
La
veille, l'attaque de Kukawa débutait vers 18h30. À en croire les
témoins de la scène, une cinquantaine d'islamistes ont alors ouvert le
feu sur des fidèles qui priaient dans les mosquées du village, peu après
la rupture du jeûne pendant le ramadan. «Les assaillants n'ont pas
épargné les enfants qui avaient entre 4 et 12 ans et qui étaient à la
mosquée avec leurs pères», témoigne Malami Abdulkareem, un professeur
d'arabe de Kukawa. «Je peux vous assurer que les assaillants ont tué au
moins 97 personnes», déclare un dénommé Kolo. Kwantami Amodu, un pêcheur
du village, évoque un chiffre similaire mais aucun bilan officiel n'a
pour l'heure été avancé. Les islamistes ne se sont retirés du village
que vers 23 heures.
Aux alentours de 20h30, des hommes armés arrivaient à moto et à bord de camionnettes dans deux villages proches de Monguno.
«Nous étions en train de faire nos prières du soir. Ils ont réuni les
hommes d'âge adulte qui venaient des deux villages et ils nous ont tiré
dessus», relate un rescapé depuis Monguno, à 8 km de là, où il a trouvé
refuge. «Plusieurs d'entre nous ont réussi à s'enfuir sous les balles.»
«Les hommes armés de Boko Haram ont tué 48 hommes et en ont blessé 11
autres dans l'attaque de deux villages voisins», indique à l'AFP
Mohammed Tahir, député de cette région au Parlement nigérian. Selon lui,
les assaillants venaient de la région du lac Tchad, non loin, où les
insurgés de Boko Haram se sont réfugiés quand ils ont été chassés par
l'armée de leur fief de la forêt de Sambisa.
Lancée en février,
une opération militaire régionale par le Nigeria et les pays voisins,
Tchad en tête, a permis au pouvoir nigérian de reprendre possession de
la quasi-totalité des localités du nord-est que contrôlait le groupe
armé. Depuis, Boko Haram a intensifié ses attaques,
principalement sur Maiduguri, capitale de l'État de Borno et la plus
grande ville du nord-est du Nigeria. Dans ce pays, le groupe islamiste
prend souvent pour cible des mosquées car il juge que l'islam qui y est
professé est dévoyé. Les attaques de Boko Haram et leur répression par
les forces de sécurité ont fait plus de 15.000 morts depuis 2009 à
travers le pays.
http://www.lefigaro.fr/international/2015/07/03/01003-20150703ARTFIG00086-au-nigeria-boko-haram-massacre-pres-de-150-musulmans.php
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