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dimanche 8 novembre 2015

Couples: je vis avec un radin, comment faire?

Ecrit par bbela  |  le  dimanche 8 novembre 2015 pas de commentaires



Elle le concède, Marie aurait du être alertée dès ce premier repas au restaurant: "Au moment de l'addition, il a non seulement immédiatement proposé que nous partagions, ce qui en soi ne posait pas de problèmes à la féministe revendiquée que je suis, mais s'est ensuite livré à un décompte au centime près de ce que nous avions mangé... et bu. J'ai cru que c'était un sketch et j'ai commencé à sourire, mais en fait, non, il voulait vraiment que je paie mon cocktail, plus cher que sa bière." Cela aurait dû l'alerter oui, mais avance-t-elle en guise d'excuse, "à côté de ça, il me semblait que nous avions tellement de points communs, en plus d'une attirance physique un peu folle". 
Résultat, Marie est sortie deux ans avec Gaspard, avant de décider de mettre fin à leur relation. En cause, donc, une pingrerie qui ne se limitait pas aux additions dans les restaurants: "En deux ans il me semble qu'il ne m'a jamais offert quoi que ce soit. Si par hasard je lui demandais d'acheter du pain lorsqu'il venait dîner, il arrivait en m'annonçant le prix de la baguette. Les week-ends hors de Paris, il n'en était pas question, trop cher. Mon anniversaire? C'est quand il l'a "oublié" pour la seconde fois que je l'ai quitté. Parce que le pire dans tout ça, c'est qu'il était loin d'être fauché. Depuis, je suis avec un homme aux revenus plus modestes mais qui multiplie les attentions. Et au resto, soit je paie, soit c'est lui, soit on partage, mais à la louche..." 
Comment expliquer que pour certains, le fait même de dépenser de l'argent soit source d'angoisse? D'où vient l'avarice et comment faire lorsque l'on vit avec une personne ayant, selon l'expression consacrée, "des oursins dans les poches"? 

Un besoin de tout contrôler

"Il faut distinguer ceux qu'on qualifie de "radins" et qui sont surtout préoccupés par une gestion raisonnable de leur argent des vrais avares, pathologiquement incapables de dépenser", prévient la psychologue Marie-Claude François-Laugier, auteur de l'ouvrage L'argent dans le couple et la famille. "Même si souvent, les 'bons gestionnaires' peuvent glisser vers l'avarice, leur symptôme prenant de plus en plus de place." "Les avares, poursuit la psychologue, sont des gens qui ont une peur maladive de manquer. Ils vivent dans un sentiment d'insécurité permanente et l'argent est pour eux un rempart contre le manque, la perte ou l'abandon. Dans sa forme la plus exacerbée, l'avarice peut être une conjuration inconsciente de la mort et traduit un besoin de tout contrôler".  
Une névrose qui prendrait source, selon Freud et ses disciples, lors de la "phase anale", explique Marie-Claude François Laugier: "lors de l'apprentissage de la propreté, l'enfant fait en quelque sorte offrande de ses excréments, en particulier à sa mère, laquelle d'ailleurs le complimente et l'applaudit lorsqu'il va sur le pot. En retenant ses excréments, l'enfant trouve le moyen d'exercer un pouvoir et découvre un instrument de contrôle de l'autre." En grandissant, ce ne sont plus ses besoins naturels qu'il retient, mais l'argent.  

"Toute dépense est source de négociations"

De là à soupçonner tous les radins de constipation, il y a un pas que les psychologues ne franchissent pas, mais le fait est, à entendre Sandrine parler de son compagnon "qui compte ses sous et regarde son compte en banque tous les jours", que ce dernier entretient "un rapport fusionnel et conflictuel avec sa mère". "Il semble avoir tout le temps besoin de sa bénédiction, tout en étant incapable d'être aimable avec elle. Il a 40 ans mais quand il est chez ses parents, il en a cinq à tout casser". 
Avec elle, le conjoint de Sandrine "est plutôt attentionné, mais a énormément de mal à envisager la vie avec légèreté et insouciance. Toute dépense est source de négociations, nos vacances se passent mal parce qu'elles l'angoissent à cause de l'argent, il faut compter, tout le temps." "C'est épuisant et déprimant", confie Sandrine, "souvent à bout". 

Chez les radins, l'accumulation d'argent provoque la jouissance

"C'est en amassant, en retenant leurs biens que les personnes souffrant d'avarice parviennent à jouir", commente Laura Gélin, psychanalyste. "Faire plaisir à l'autre est souvent impossible, parce que cela impliquerait d'être dépossédé". Pour Laura Gélin, il ne faut pas nécessairement assimiler la radinerie "à un manque de générosité". "C'est souvent plus fort qu'eux. Et certains "radins" peuvent en revanche accorder du temps à l'autre, être dans une autre forme de don. Avec ceux là, il est possible malgré tout de vivre. 
Mais quand la radinerie s'exprime au-delà de l'argent, dans une incapacité à donner, là cela devient beaucoup plus difficile". "Ce sont souvent des personnes qui ont eu à subir un manque, qu'il soit matériel ou affectif. Cette obsession de l'argent peut aussi survenir après un réel traumatisme, la perte d'un emploi, un décès. Mais elle peut également dater de l'enfance, d'un sentiment d'insécurité qui n'a pas été géré et qui s'exprime à travers ce rapport à l'argent", ajoute la psychanalyste. "L'argent ne vaut pas pour ce qu'il offre mais pour ce qu'il représente, parce que c'est un objet rassurant", analyse Marie-Claude François Laugier. 

"La solution? Fuir!"

A la question "comment vivre avec un(e) radin(e)", les témoins que nous avons interrogés sont assez unanimes: "La solution? Fuir!", répond Stéphanie. "Franchement, rien ni personne ne peut changer un radin, j'ai vécu avec un tel spécimen pendant sept ans, c'est juste l'horreur. Acheter une baguette de pain? "Mais enfin, tu sais bien que je n'ai jamais de monnaie!" 
Et puis la radinerie, ça dépasse le cadre purement financier, c'est un concept de vie assez insupportable pour qui veut vivre normalement. Des vacances? "Mais enfin, on est bien ici, il fait beau, pourquoi faire comme tout le monde? Etc."" "Partez, partez sans les clés s'il faut, mais partez", s'exclame quant à elle Caroline, bien échaudée. 

Pour survivre à un radin, être soi même indépendant financièrement est impératif

"Il n'y a en effet pas énormément de conseils à donner en la matière, concède Marie-Claude François Laugier. Je dirais que le plus essentiel est d'avoir lorsqu'on est en couple avec une personne avare, sa propre indépendance financière. Sinon, c'est assez rapidement la prison. Ce que peut d'ailleurs rechercher l'avare, qui veut tout contrôler, son ou sa conjoint(e) y compris". Un avis confirmé par Roxane: "Il ne faut surtout pas avoir besoin qu'il nous prête ne serait ce que 150 euros. Pour l'avoir vécu, le 1er du mois suivant il attendait le remboursement! Et on vivait ensemble! La solution? Nous sommes séparés."  
Sylvie raconte quant à elle que son ex-mari avait la fâcheuse habitude d'oublier les anniversaires, Noël, etc. "Du coup j'ai fini par prendre les devants! J'achetais ce qui me plaisait, puis le cachais. Ensuite, je lui glissais que pour nos sept ans de mariage, j'avais vu une bague soldée et que j'avais craqué. Je lui proposais ensuite de l'emballer et qu'il me l'offre. En général, et avec un peu de mal, il finissait par me rembourser le cadeau". Une combine qui n'a pas pour autant sauvé ce mariage, Sylvie a fini en effet par divorcer... 
Arnaud, pour l'instant, n'envisage pas de quitter sa fiancée, même si "son incapacité à jouir de l'instant sans se demander combien ça va coûter est hyper pesant". "J'essaie de lui expliquer que si ses amies ne veulent plus sortir avec elle, c'est parce qu'elles n'en peuvent plus qu'elle ait systématiquement oublié sa carte bleue ou qu'elle refuse toujours de payer sa tournée. Je tente de lui prouver qu'elle a largement les moyens de se faire plaisir de temps à autre. Mais je sens bien qu'elle a vraiment du mal à se détendre". 

La thérapie comportementale peut aider

Autre suggestion de la psychologue, "valoriser le moindre geste, même minime": "Si en rentrant des courses, il y a une rose ou quoi que ce soit acheté uniquement pour faire plaisir, il est bon de montrer à quel point cela compte. Petit à petit, cela peut faire avancer les choses. Mais chez les personnes pathologiquement atteintes, il faut envisager la thérapie". Seulement voilà, regrette-t-elle, "ce ne sont pas eux qui viennent spontanément. Ce sont plutôt leurs conjoint(e)s que je reçois pour s'en plaindre!" 
"Les techniques comportementales peuvent être efficaces", ajoute Laura Gélin. "La radinerie peut être considérée un peu comme un TOC, elle se rapproche aussi à mon sens de l'anorexie. Une anorexie financière, mais le principe est un peu le même. Apprendre à dépenser un peu chaque jour, à faire un cadeau par semaine, sont des exercices qui peuvent reconditionner le rapport à l'argent." Mais, prévient Laura Gélin, "ne traiter que le symptôme risque de le voir réapparaitre sous une autre forme. Il faut arriver à comprendre pourquoi on en est arrivé à jouir uniquement dans la retenue, quelle angoisse profonde cela cache." 

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