Depuis Zurich, YooMee a lancé un service de téléphonie mobile au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Sa cofondatrice évoque ses projets dans d’autres pays
Commercialiser, depuis une entreprise basée en Suisse, un accès à l’Internet mobile à haute vitesse en Afrique subsaharienne? A priori, l’idée semblait aventureuse. Et pourtant, c’est ce que fait, depuis 2011, une société basée à Zurich. YooMee Africa, qui dispose de plusieurs entreprises opérationnelles en Afrique subsaharienne, compte plusieurs dizaines de milliers de clients au Cameroun et en Côte d’Ivoire.
Sa cofondatrice et présidente, Anat Bar-Gera, racontera son aventure le 27 août prochain à Lausanne, dans le cadre de la conférence «Exporter demain» – organisée par Switzerland Global Enterprise –, qui réunira aussi des responsables de Camille Bloch, Google, DHL ou encore Credit Suisse sur le thème de l’internationalisation des PME via le monde virtuel. Une semaine avant cette conférence, Anat Bar-Gera, installée à Zurich depuis 25 ans, détaille l’histoire de sa société ainsi que ses projets.
Accompagnée de son mari, rencontré sur les bancs de l’Institut européen d’administration des affaires (Insead), près de Paris, Anat Bar-Gera, d’origine israélienne, a fondé plusieurs sociétés ces dernières années. Toutes actives dans les télécoms et Internet. Il y eut Wimax Telecom, active en Europe de l’Est, ainsi que SurfEU, un fournisseur d’accès à Internet fort de 1,5 million de clients, revendu à l’italien Tiscali. «Puis l’un de nos collaborateurs, d’origine africaine, nous a suggéré d’investir sur ce continent, raconte Anat Bar-Gera. Mais nous ne connaissions rien à l’Afrique. Face à son insistance, nous avons étudié la situation de plusieurs pays.»
Le couple sélectionne alors le Cameroun. «Nous avons été enthousiasmés par la croissance démographique du continent et les besoins en télécommunications des jeunes, poursuit Anat Bar-Gera. La stabilité politique relative et le marché faiblement concurrentiel au Cameroun plaidaient aussi en faveur de ce pays.»
La cofondatrice poursuit: «Nous avons alors contacté le régulateur, responsable des télécoms, et lui avons fait part de nos expériences. Nous lui avons assuré que s’il nous octroyait une licence, nous allions bel et bien édifier un réseau d’Internet mobile à haute vitesse, fournir des services de premier ordre, et ne pas revendre la licence, comme beaucoup de sociétés le font.»
Sa licence obtenue fin 2010, YooMee Africa commence à construire son réseau dans les principales villes du Cameroun, notamment à Douala et Yaoundé. La société, qui fait notamment face à la concurrence d’Orange et de MTN, choisit de ne pas proposer de communication vocale et des services de téléphonie. «Nous avons tout de suite misé sur l’accès mobile à Internet via notre réseau 4G LTE dernier cri, affirme Anat Bar-Gera. Nous donnons accès à Internet à haute vitesse.» Les connexions se font via des clés USB («dongles») pour des ordinateurs ou directement sur des smartphones et tablettes.
Aujourd’hui, YooMee Africa compte «plusieurs dizaines de milliers de clients» et, selon sa fondatrice, est leader du marché au Cameroun et vient d’étendre ses activités en Côte d’Ivoire, dans sa capitale Abidjan. «L’impact de l’accès à Internet à large bande est énorme dans ces régions, car une hausse de 10% de la proportion de personnes connectées accroît le PIB de 1,38%», affirme la fondatrice. Pour autant, YooMee Africa est une société à but lucratif. En Côte d’Ivoire, une carte prépayée permettant de transférer 8,5 Go de données coûte environ 28 francs suisses, avec une bande passante de 5 Mbit/s.
Les produits de l’opérateur sont vendus dans ses propres magasins, mais aussi des stations-service, des magasins de téléphonie et d’ordinateurs et des kiosques. L’opérateur a aussi noué un partenariat avec l’Université de Douala, dont il couvre entièrement le campus en 4G, proposant un accès à Internet à ses étudiants avec des cartes prépayées débutant à 3 euros.
Aujourd’hui, YooMee compte plus d’une centaine d’employés au total et prévoit de s’étendre dans d’autres pays de l’Afrique subsaharienne – d’autres licences sont en train d’être négociées ou achetées. «Nous pourrions aussi nous lancer dans les services de paiement ou d’autres services à valeur ajoutée en ligne, poursuit Anat Bar-Gera. Le potentiel est immense et je ne me lasse pas de me rendre très souvent dans les pays où nous avons nos opérations.»
Le temps.ch
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