Il
est probable que beaucoup parmi eux suivent le bras de fer entre
puissants avec beaucoup de recul, en spectateurs, se sentant très peu ou
pas du tout concernés. Les plus optimistes pourraient même se dire que
l’autodestruction des puissances amènera la redistribution des cartes
ou, au minimum, amènera l’Occident à leur ficher la paix. Après tout,
cette guerre mondiale, si elle a lieu, se déroulerait essentiellement
dans le Nord, et l’Europe, comme à son habitude, en sera l’un des
théâtres principaux loin de l’Afrique et des Africains.
Cependant, divers éléments tendent à
montrer que les choses ne se passeront pas ainsi : l’Afrique sera
impliquée jusqu’au cou dans une éventuelle conflagration mondiale. Il
n’est pas utile de remonter au siècle dernier pour s’en convaincre, même
si la donne a fondamentalement changé depuis quelques décennies.
Rappelons toutefois, que les Africains, de l’armée coloniale du général
Mangin à la guerre d’Indochine et d’Algérie en passant par la colonne du
futur Maréchal Leclerc, ont toujours été présents dans tous les
conflits européens. La France et l’Angleterre, comme tous les empires
l’ont toujours fait depuis la nuit des temps, ont toujours utilisé eux
aussi les pays soumis pour défendre leurs frontières d’empire et leurs
intérêts.
Ce qui a d’abord changé aujourd’hui,
c’est que les deux empires d’hier sont devenus des vassaux et, comme
tels, ils seront mobilisés de la même manière pour défendre les intérêts
du nouvel empire. Les anciens vassaux qui le sont presque tous restés,
seront également mobilisés sous la houlette de leurs anciens maîtres. Ce
qui a changé aussi, c’est que cette fois, du fait de ses immenses
ressources énergétiques vitales en cas de guerre, le continent africain
sera lui-même un lieu d’affrontements à grande échelle. Si les enjeux
d’une telle guerre sont multiples et variés, l’Afrique en constitue
néanmoins un des principaux. Un enjeu que se disputeront à mort les
grandes puissances.
On peut la voir comme une jeune fille
convoitée par des mâles qui se battent pour ses beaux yeux pour gagner
le droit de la violer ensuite. Pire, l’un des mâles, le plus brutal,
l’utilisera pour vaincre ses adversaires et gagner ce droit. Présentée
ainsi, la participation inéluctable de l’Afrique à une éventuelle guerre
mondiale prend une autre dimension. Non seulement ses soldats seront
utilisés comme supplétifs à l’instar des tirailleurs, et non seulement
les combats, les destructions et les massacres se porteront sur son sol,
mais en plus elle a maintenant un choix crucial à faire : va-t-elle se
laisser faire, avec le viol à la clé en fin d’hostilités, ou va-t-elle
réagir afin d’éviter le sort qui lui est réservé, ou au moins pour avoir
la possibilité de choisir ses futurs partenaires ? Si elle opte pour ce
dernier choix, elle cesse d’être un enjeu et a maintenant des objectifs
clairs, ses objectifs à elle et non ceux des autres. Tant qu’à se
battre et peut-être mourir, autant que ce soit pour ses propres
objectifs.
Dans un récent article, Kemi Seba, le
panafricaniste bien connu, a lancé un appel aux sociétés civiles
africaines les incitant à faire les bons choix et à faire pression sur
les dirigeants du continent. Que la guerre éclate ou non, les événements
en cours au Moyen-Orient et leurs développements potentiels sont tels
que l’Afrique ne peut plus rester passive, seule dans son coin. De toute
façon qu’elle le veuille ou non, elle est déjà impliquée, on le voit
avec les divers groupes terroristes qui ont été débarqués sur son sol.
Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que tout ce joli monde fait
exactement le même boulot que celui de leurs homologues en Syrie, au
bénéfice de la machinerie de l’OTAN, plus précisément la partie
anglo-saxonne de cette organisation, tous les autres n’en étant que les
vassaux et les outils. Nous avons vu en Syrie à quel point ils tiennent à
préserver cette armée de l’ombre, au point de risquer de déclencher un
conflit mondial.
En fait, ils ne préparent pas la guerre
parce qu’ils sont puissants, mais sans cette préparation, sans une
menace de guerre posée sur la table, toute leur puissance s’effondre, à
commencer par sa structure dont les vassaux sont les piliers. Et en face
d’eux, il y a ceux qui résistent comme la Russie, la Chine, l’Iran, la
Syrie, le Venezuela, le Burundi, etc., et ceux qui voudraient résister
mais qui n’osent pas encore. Le camp de la résistance est composé de
pays ayant fortement souffert de l’hégémonie impériale qu’ils veulent
voir disparaître à jamais. Faire croire, comme le font les soumis à
l’empire, qu’ils ne se battent que pour récupérer cette hégémonie à leur
compte, c’est croire qu’il n’y a d’autre manière de concevoir le monde
que celle de leurs maîtres.
0 commentaires: