Les prestations des Lions indomptables à ces rendez-vous sont un enjeu majeur au plan national.
La victoire 4-1 des Lions indomptables sur leurs homologues tunisiens
le 17 novembre 2013 à Yaoundé, n’a pas seulement qualifié le Cameroun
pour le Mondial de 2014 au Brésil : elle a abaissé le pointeur du
thermomètre social, rendu fou par une tension sourde, mais
potentiellement explosif. Une défaite au stade Ahmadou Ahidjo, synonyme
d’une non qualification au rendez-vous brésilien de l’an prochain après
la calamiteuse expédition sud-africaine de 2010, et personne n’aurait pu
prédire le dénouement d’une telle hécatombe. Seul le dispositif
sécuritaire exceptionnel déployé ce 17 novembre à Yaoundé renseigne sur
un fait : la menace était réelle, y compris pour le gouvernement, qui
dispose de réseaux d’information conséquents. Le pénalty manqué de Womé
Nlend le 08 octobre 2005 sur la même pelouse du stade Ahmadou Ahidjo qui
priva le Cameroun de Coupe du monde l’année d’après et ses conséquences
pour le footballeur, certains de ses proches et pour ses coéquipiers
procèdent encore des souvenirs d’hier…
On le voit donc, la participation ou non de l’équipe nationale fanion
de football aux phases finales du plus grand rendez-vous mondial en la
matière a une relation directe avec la météo politique et sociale
nationale. En 1982, 1990, 1994, 1998, 2002 et 2010, à chaque fois, du
Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest du pays, les lignes de clivage entre les
Camerounais, d’ordinaire marquées, perdent de leur étanchéité. Dans ces
moments, tous les compatriotes de Roger Milla sont encartés au même
parti politique, à la même chapelle religieuse, à la même tribu, au même
rang social. Les buts de Samuel Eto’o sont certes célébrés dans son
pays Bassa d’origine mais aussi et sinon plus à Kousseri, Yokadouma,
Kye-Ossi…Les arrêts spectaculaires de Alioum Boukar étaient fêtés aussi
bien par la communauté musulmane que par les chrétiens. Pendant ces
moments, même les contrariétés quotidiennes de la vie s’effacent devant
le bonheur de la victoire. Ne fût-ce qu’un court instant.
Sur le plan politique, il n’est que d’observer l’empressement avec
lequel certains des leaders politiques récupèrent les prestations très
souvent éclatantes des Lions indomptables lors des phases finales de
Coupe du monde. Faute de bilan conséquent dans d’autres domaines et même
dans celui du sport, les victoires de l’équipe nationale fanion de
football servent désormais de cache-sexe aux défaites des politiques.
«Le Lions fighting spirit», ressort profond de ces prestations comme on
l’a vu le 17 novembre dernier, fait partie des «must» des discours
politiques, et notamment ceux de Paul Biya. Comme à d’autres moments, le
football camerounais est, lors des Coupe du monde auxquelles il est
prend part, l’opium qui endort le peuple.
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