Tomber amoureux d'un objet ? C'est possible et cela s'appelle "l'objectum sexualité". Un phénomène plus courant qu'on ne le croit et qui est le signe d'un complexe profond, selon le psychologue Pascal de Sutter. Heureusement, cela peut se soigner.
Être amoureux de sa poupée en silicone est pathologique (CAPTURE YOUTUBE)
Certains hommes sont amoureux de leur poupée en silicone. D'autres, d'un timbre poste ou d'un objet de collection.
En général, l'objet aimé a de la valeur, il est difficile à obtenir.
La personne qui le possède a alors la crainte immédiate de le perdre et
ce sentiment peut être confondu avec le sentiment amoureux.
C'est ce que l'on nomme la possessivité.
L'amour humain est réciproque
Être amoureux d'un objet est à la limite du cas psychiatrique. Avoir
des sentiments amoureux pour un objet inanimé, cela pose question et
c'est problématique.
Parce que l'un des principes de l'amour humain, c'est la réciprocité.
Une relation humaine saine se construit dans l'échange, dans le partage, dans les petites attentions que l'on donne et reçoit.
On doit accepter qu'un être humain puisse nous décevoir ; que l'on
n'a pas de contrôle sur lui. C'est justement ce qui rend les relations
humaines riches et intéressantes.
Un objet ne peut pas nous aimer
C'est impossible avec un objet, qui ne peut pas éprouver d'amour pour nous.
Quand l'amour n'est pas réciproque, que ce soit avec un humain (cela
s'appelle l'érotomanie) ou un objet, cela peut devenir pathologique et
dysfonctionnel.
Par exemple, j'ai déjà eu une patiente folle amoureuse de Dave : elle
s'inventait toute une histoire, le suivait à tout ses concerts, voulait
être amie avec lui sur Facebook. Il y avait une forme de délire.
Signe d'un complexe profond
Alors, tomber amoureux d'un élément inanimé, c'est souvent le signe
que l'on souffre d'un complexe profond. Qu'on est incapable de nouer des
relations humaines satisfaisantes.
Le fleuve des pulsions dévie alors sur des choses impropres.
Cela provient parfois d'un excès de timidité, d'un rejet de soi-même
ou de traumatismes dans les relations avec autrui. En réaction, le sujet
se replie sur un objet.
Pour sortir de "l'objectum sexualité" (terme employé quand
on tombe amoureux d'objets), il est nécessaire d'avoir recours à une
approche combinée : déconstruire l'obsession et apprendre à gérer son
addiction à l'objet, par exemple par hypnose.
Puis, on apprend à construire des relations saines. Cela peut passer
par un travail de relooking, par de l'éducation sexuelle. Il faut
apprendre à séduire.
Tout le monde ne sait pas comment s'y prendre, et certains sont extrêmement maladroits.
C'est évidemment très difficile pour les personnes qui se sont
isolées et se sont attachées à un objet. Le défi est grand mais le
succès sera aussi très valorisant.
Pascal de Sutter est l'auteur de "Désir" aux Editions Odile Jacob
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1382937-un-homme-amoureux-de-sa-poupee-en-silicone-dysfonctionnel-l-amour-sain-est-reciproque.html
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