ATTENTATS
DU 13 NOVEMBRE - Une enfance maltraitée, une jeunesse de fêtarde, puis
elle troque soudainement son chapeau de cow-boy pour le voile intégral: Hasna Aitboulahcen, cousine d'Abdelhamid Abaaoud, "cerveau" présumé des attentats de Paris, fait partie des trois jihadistes tués jeudi dans l'assaut policier à Saint-Denis.
Au
cœur de la nuit, dans la ville endormie, le Raid attaque un appartement
où se terre Abaaoud. Un policier hurle: "Il est où ton copain?" Une
voix de femme: "C'est pas mon copain!" Suivent des détonations. Trois
personnes sont mortes, dont une probablement en kamikaze, même si on ne
sait pas laquelle des trois.
MISE À JOUR : Vendredi 20 novembre - 18.00 : Hasna Aitboulahcen, cousine de l'organisateur présumé des attentats de Paris dont le corps a été retrouvé dans les décombres de l'appartement de Saint-Denis, n'est pas morte en kamikaze, a-t-on appris de source policière.
La scène, filmée par un
riverain, passe en boucle à la télévision. "Onde de choc" dans la Cité
des 3000, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où l'on reconnaît la
voix, mais aussi la photo de la jeune femme: Hasna Aitboulahcen, 26 ans.
Sa mère habite le quartier.
"Parfois excentrique", elle avait
hérité d'un surnom, "'chapeau de paille', parce qu'elle en portait
souvent", raconte Sofiane, un voisin. "Bavarde, avec la tchatche, un peu
fofolle aussi, instable, elle pouvait surgir devant toi et commencer à
faire un rap!" Les autres voisins décrivent un "garçon manqué" au
"physique quelconque", en "blue jean, casquettes, lunettes".
"Elle s'était fabriqué sa propre bulle"
Tout
bascule il y a six mois. Elle commence à porter "le jilbabe", tenue
recouvrant l'intégralité du corps excepté le visage, "puis, un mois
après, elle était passée au niqab", témoigne auprès de l'AFP un homme
qui se présente comme son frère et demande l'anonymat. "Elle s'était
fabriqué sa propre bulle, elle ne cherchait aucunement à étudier sa
religion, je ne l'ai jamais vue ouvrir un Coran", poursuit-il.
Même
stupéfaction à Creutzwald, ville ouvrière de Moselle, où Hasna
Aitboulahcen rendait parfois visite à son père de 74 ans. Là-bas, elle
laisse le souvenir d'une fêtarde, "avec son petit chapeau de cow-boy et
ses santiags", qui "fumait de temps en temps et buvait dans les
soirées", raconte un ancien ami, Jérôme.
Le père, musulman très
pratiquant, avait quitté le foyer familial pour travailler chez PSA en
Lorraine. Il est actuellement au Maroc.
Le 11 septembre 2001, elle "applaudissait devant la télé"
Née
le 12 août 1989, à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), Hasna
Aitboulahcen a traversé une enfance maltraitée avant d'être placée en
famille d'accueil entre les âges de 8 et 15 ans.
"Au début, ça se
passait bien. C'était une gamine comme les autres", dit à l'AFP sous
couvert d'anonymat sa mère d'accueil. Un détail, cependant: aucun geste
de tendresse chez la fillette. "Elle voulait pas..." Autre bizarrerie:
"Elle s'enroulait toujours dans une couette la tête cachée. Elle disait
qu'il y avait le diable la nuit."
Vers 11 ans, les choses
empirent: "Pour moi, ça venait de chez elle", des visites une fois par
mois chez ses parents, explique la mère d'accueil, décrivant une fille
tiraillée entre deux familles.
Elle se rappelle notamment du 11
septembre 2001, lorsqu'elle "applaudissait devant la télé". Peu à peu,
l'adolescente ne fait "que ce qui lui plaît", hurle parfois, fait le
mur. Elle quitte cette famille d'un coup, à 15 ans.
"Fais ta vie, je fais la mienne"
"Quand
elle est partie, je me suis dit: 'Elle est perdue'", raconte la mère
d'accueil, qui a pleuré en découvrant sa photo à la télévision. "Mais ça
ne m'a pas trop étonnée. Elle en a toujours voulu à tout le monde..."
"En
grandissant, elle a manqué de repères et a choisi la fin de
l'insouciance, en multipliant les fugues, les mauvaises fréquentations",
résume son frère. Selon une source proche du dossier, elle a été
inquiétée par la justice dans une affaire de stupéfiants.
Après sa
brutale radicalisation, "un lavage de cerveau" selon sa mère, 58 ans,
rencontrée jeudi par l'AFP, la jeune femme "passait son temps à tout
critiquer", "n'acceptait aucun conseil", "entretenait des relations plus
que douteuses", se rappelle son frère.
"Elle était en permanence
avec son smartphone sur Facebook et Whatsapp. 'Fais ta vie, je fais la
mienne', elle disait." Il y a trois semaines, elle était selon lui
partie vivre chez une amie, à Drancy.
Son corps déchiqueté, retrouvé dans les décombres, a été identifié grâce à ses empreintes digitales.
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